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La Commission des affaires juridiques du Parlement européen a adopté le 13 octobre 2025 un projet de simplification du reporting durable, modifiant en profondeur la directive CSRD et le devoir de vigilance.
Si ces ajustements visent à alléger la charge administrative des entreprises, de nombreux acteurs redoutent qu’ils vident de leur substance les ambitions européennes en matière de durabilité et de responsabilité sociale.

Dans cet article, nous analysons les impacts concrets de cette réforme CSRD 2025, les risques de dérégulation qu’elle comporte, et les positions des principaux organismes comptables et financiers.

CSRD 2025 : une réforme sous le signe de la simplification

Le projet de loi voté par la Commission des affaires juridiques du Parlement européen, par 17 voix contre 6, marque un tournant majeur dans la politique de reporting durable de l’Union européenne.

Des seuils relevés qui excluent des milliers d’entreprises

La nouvelle version de la directive CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) prévoit que seules les entreprises dépassant 1000 salariés et 450 millions d’euros de chiffre d’affaires seront tenues de publier un reporting extra-financier.
Ce seuil, auparavant bien plus bas, exclut des milliers d’entreprises, notamment les ETI et grandes PME, jusque-là soumises à des obligations de transparence.

Les sociétés de taille intermédiaire, souvent en première ligne de la transition écologique, verront leurs obligations devenir volontaires. Elles pourront publier un reporting ESG simplifié, non contraignant et fondé sur des lignes directrices.

Devoir de vigilance : un champ d’application drastiquement réduit

La réforme du devoir de vigilance européen suit la même logique restrictive. Désormais, seules les entreprises de plus de 5 000 salariés et réalisant plus de 1,5 milliard d’euros de chiffre d’affaires sont concernées.

Une vigilance désormais “réactive” plutôt que préventive

La réforme introduit une approche dite fondée sur les risques : les entreprises ne seraient tenues de mener des enquêtes auprès de leurs partenaires commerciaux que s’il existe une incidence négative plausible.
Autrement dit, la vigilance devient facultative, rompant avec la logique préventive instaurée depuis 2017.

Selon plusieurs juristes européens, cette évolution fragilise la responsabilité civile des entreprises et pourrait ouvrir la voie à un dumping réglementaire : les sièges sociaux risquent de migrer vers les États les moins exigeants.

Un paradoxe pour les grandes entreprises et leur chaîne de valeur

L’un des effets les plus critiqués de la réforme CSRD 2025 concerne les relations entre grandes entreprises et PME sous-traitantes.

Une incohérence entre exigence de transparence et interdiction de contrôle

Les groupes soumis à la directive ne pourront plus demander de données ESG à leurs fournisseurs si ceux-ci ne sont pas eux-mêmes soumis au reporting obligatoire.
Ce paradoxe crée une rupture de cohérence dans la chaîne de valeur : les entreprises devront rendre des comptes sur leur impact sans pouvoir exiger les données nécessaires auprès de leurs partenaires.

De nombreuses entreprises responsables dénoncent une mesure qui risque d’encourager l’opacité, au moment même où la demande de transparence des investisseurs et des consommateurs n’a jamais été aussi forte.

Les réactions : entre inquiétude et incompréhension

La Banque centrale européenne (BCE) et l’International Accounting Standards Board (IASB) ont toutes deux mis en garde contre les risques de cette simplification excessive.
Elles estiment que la réforme pourrait nuire à la comparabilité internationale des données extra-financières et affaiblir la crédibilité du Green Deal européen.

Les entreprises engagées se sentent pénalisées

De nombreuses sociétés qui avaient investi massivement dans la structuration de leur reporting ESG se sentent aujourd’hui désavantagées.
Pour elles, les obligations introduites par la CSRD 2024 constituaient un avantage compétitif, valorisant leurs efforts de durabilité et de gouvernance responsable.

Un risque de recul stratégique pour l’Europe

Alors que la Chine et les États-Unis renforcent leurs exigences en matière de transparence environnementale et sociale, l’Europe semble reculer.
La Securities and Exchange Commission (SEC) américaine, par exemple, impose désormais aux entreprises cotées une publication détaillée de leurs émissions carbone.

Cette tendance mondiale souligne le risque pour l’Union européenne de perdre son leadership sur le reporting durable, alors qu’elle fut pionnière avec le Green Deal et la taxonomie verte.

Prochaine étape : le vote du Parlement européen

Le texte n’est pas encore définitif. Il sera soumis au vote en session plénière lors de la prochaine réunion du Parlement européen.
En cas d’adoption, des négociations interinstitutionnelles s’ouvriront dès le 24 octobre 2025 entre la Commission et les États membres.

Les prochains jours seront décisifs pour déterminer si l’Europe choisit la simplification administrative ou la cohérence environnementale et sociale.

La directive CSRD 2025 et le devoir de vigilance redéfinissent profondément le paysage du reporting durable européen.
Derrière la promesse d’allègement, c’est tout l’édifice de la transparence extra-financière qui vacille.
Pour les experts comptables, responsables RSE et auditeurs, cette actualité appelle à anticiper les changements et à adapter leurs dispositifs de conformité.

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