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Ordonnance rectificative 2025 : sécuriser le crédit à la consommation
Ordonnance rectificative 2025 : sécuriser le crédit à la consommation pour les intermédiaires et PME

Ordonnance rectificative 2025 : sécuriser le crédit à la consommation pour les intermédiaires et PME

L'ordonnance n° 2025-1154 du 2 décembre 2025 corrige la transposition de la directive européenne (UE) 2023/2225 sur les contrats de crédit aux consommateurs. Cette réforme, applicable au 20 novembre 2026, apporte des clarifications importantes sur les délais de paiement marchands, les obligations de formation des intermédiaires et les nouvelles règles d'immatriculation. Décryptage des mesures qui concernent directement les PME et leurs conseils.

Contexte : pourquoi cette ordonnance rectificative ?

L'ordonnance n° 2025-880 du 3 septembre 2025 avait transposé la directive (UE) 2023/2225, abrogeant la directive 2008/48/CE pour renforcer la protection des consommateurs contre le surendettement. Toutefois, plusieurs erreurs matérielles et omissions nécessitaient des corrections urgentes.

L'ordonnance rectificative corrige notamment l'omission concernant l'interdiction d'affacturage pour les différés de paiement marchands. Sans cette précision, les plateformes e-commerce auraient risqué de voir leurs facilités de paiement requalifiées en crédit à la consommation.

Le marché du crédit à la consommation représente un encours de 215 milliards d'euros en 2025, en croissance de 3,9 %. La sécurisation juridique de ce secteur constitue un enjeu majeur pour l'ensemble des acteurs économiques.

Les corrections apportées article par article

Art. 1 Sécurisation des délais de paiement marchands

L'article 1er clarifie le régime des paiements différés accordés par les commerçants. L'exemption du régime du crédit à la consommation est maintenue pour les différés inférieurs à un mois, à condition qu'une interdiction expresse d'affacturage soit prévue.

  • Différés de paiement inférieurs à 1 mois : exemption confirmée
  • Condition : interdiction contractuelle de recourir à l'affacturage
  • Paiements sans intérêts : frais de retard limités à 1 %
Exemple concret

Une SARL de vente en ligne accorde 10 000 € de paiements différés annuels à ses clients. Sans la correction apportée par l'ordonnance, ces facilités auraient pu être requalifiées en crédit à la consommation, soumettant l'entreprise au TAEG réglementé (5,9 %) au lieu du taux libre.

Art. 2 Assouplissement des formations pour intermédiaires

L'article 2 supprime la référence contraignante au Code du travail pour les formations des intermédiaires de crédit. Désormais, les prêteurs eux-mêmes ou les organismes enregistrés peuvent dispenser ces formations (article L. 314-25 du Code de la consommation).

  • Formation interne autorisée : coût estimé à 500 €/an
  • Formation externe précédente : environ 1 200 €/an
  • Économie potentielle : 20 à 30 % sur le budget formation

Art. 4 Nouvelle obligation d'immatriculation

L'article 4 transpose l'article 37 de la directive européenne en instaurant une obligation d'enregistrement pour les « prêteurs accessoires » : fournisseurs ou prestataires accordant des crédits complémentaires à leur activité principale.

Aspect Avant l'ordonnance rectificative Après l'ordonnance 2025-1154
Immatriculation prêteurs accessoires Non requise Obligatoire (registre ad hoc)
Exemption PME (différés sans intérêts) Partielle Complète
Coût estimé de conformité ≈ 200 €/an ≈ 300 €/an (incl. enregistrement)
Délai d'inscription 6 mois après publication du décret

Qui est concerné par ces nouvelles obligations ?

L'ordonnance rectificative cible plusieurs catégories d'acteurs économiques, avec des niveaux d'exigence différenciés.

  • Intermédiaires de crédit : soumis aux nouvelles modalités de formation
  • Commerçants e-commerce : sécurisation des paiements différés sans intérêts
  • Prêteurs accessoires : nouvelle obligation d'immatriculation au registre
  • Micro-entreprises : exemption totale pour les différés sans intérêts
Exemption pour micro-entreprises

Les micro-entreprises accordant des paiements différés sans intérêts (frais de retard limités à 1 %) bénéficient d'une exemption totale. Aucune immatriculation n'est requise pour cette catégorie d'acteurs.

Le monopole bancaire reste préservé pour les prêts inter-entreprises. Les entreprises peuvent continuer à accorder des délais de paiement avec intérêts à leurs clients professionnels sans basculer dans le régime du crédit à la consommation.

Calendrier : les échéances à retenir

2 décembre 2025 Publication de l'ordonnance rectificative au Journal Officiel
1er semestre 2026 Publication du décret sur le registre d'immatriculation
20 novembre 2026 Entrée en vigueur de l'ensemble des dispositions
2027 Première déclaration fiscale intégrant les frais de conformité (déductibles art. 39 CGI)
Extension outre-mer

Les dispositions de l'ordonnance s'appliquent également en Nouvelle-Calédonie, Polynésie française et Wallis-et-Futuna, avec les adaptations nécessaires au contexte local.

Nouvelle mention obligatoire dans la publicité

À compter du 20 novembre 2026, toute publicité pour un crédit à la consommation devra inclure la mention suivante (article L. 312-5 du Code de la consommation) :

« Attention ! Un crédit coûte de l'argent et doit être remboursé. »

Cette obligation s'inscrit dans la volonté européenne de renforcer l'information des consommateurs et de prévenir le surendettement.

Checklist : préparer la mise en conformité

Audit des contrats : identifier les différés de paiement potentiellement requalifiables
Clause d'affacturage : vérifier l'interdiction expresse dans les CGV
Budget formation 2026 : prévoir le passage en interne (économie de 20-30 %)
Veille décret : surveiller la publication du registre d'immatriculation (Q2 2026)
Supports publicitaires : préparer l'intégration de la nouvelle mention légale
Exemption PME : documenter l'éligibilité (< 2 salariés, sans intérêts)

Questions fréquentes

Pourquoi cette ordonnance rectificative était-elle urgente ?
L'ordonnance initiale comportait des omissions (notamment sur l'affacturage et les formations) qui auraient créé une insécurité juridique pour les commerçants accordant des facilités de paiement. La correction était nécessaire avant l'entrée en vigueur de novembre 2026.
Les micro-entreprises doivent-elles s'immatriculer au nouveau registre ?
Non. Les micro-entreprises accordant des paiements différés sans intérêts (frais de retard limités à 1 %) bénéficient d'une exemption totale de l'obligation d'immatriculation.
Quand les frais de conformité seront-ils déductibles fiscalement ?
Les frais engagés pour la mise en conformité seront déductibles dès l'exercice 2026, dans le cadre des provisions réglementées (article 39 du CGI). La première déclaration concernée sera donc celle de 2027.
Les découverts bancaires sont-ils concernés ?
Oui, les découverts inférieurs à 200 € sur moins d'un mois voient leurs exigences renforcées, mais leur distribution reste autorisée selon les modalités habituelles.
Comment économiser sur les formations des intermédiaires ?
L'ordonnance autorise désormais les prêteurs à dispenser eux-mêmes les formations. Le coût passe d'environ 1 200 € par an (formation externe) à 500 € par an (formation interne), soit une économie de 20 à 30 %.

Ce qu'il faut retenir

L'ordonnance rectificative 2025 sécurise la transposition de la directive européenne sur le crédit à la consommation. Les corrections apportées clarifient le régime des paiements différés et allègent les contraintes pour les PME.

  • Différés de paiement < 1 mois : exemption confirmée (avec clause anti-affacturage)
  • Formations intermédiaires : internalisation possible, économie de 20-30 %
  • Nouvelle immatriculation pour prêteurs accessoires (décret Q2 2026)
  • Exemption totale pour micro-entreprises sans intérêts
  • Entrée en vigueur : 20 novembre 2026

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